Culture : Le lin est une des rares fibres textiles végétales européennes. Il est cultivé dans le Pas-de-Calais, les Flandres, la Picardie et la Normandie.

champ de lin

La culture du lin est délicate car très rapide (environ 4 mois) et utilise peu de produits phytosanitaires et très peu d’azote. Semé au Printemps entre le 15 mars et le 15 avril, (la température du sol est importante au moment du semis) il met 100 jours à lever et atteindre une hauteur de 1,20m. La durée de vie d’une fleur n’est que de quelques heures: elle s’épanouit le matin et fane vers midi. La floraison intervient vers le 15 juin.

Le lin n’est pas fauché mais arraché afin de garder les tiges dans toute leur longueur. Elles sont ensuite placées en andains de très faible épaisseur afin de rouir. Le rouissage est la dissociation des parties fibreuses de la plante en éliminant la pectose qui soude les fibres. Pendant le rouissage, on procède également à l’opération d’écapsulage qui permet de récolter les graines de lin. Le rouissage terminé, les fibres sont enroulées en bottes et stockées avant de passer au teillage.

Le teillage est le terme désignant l’opération de première transformation industrielle de la partie rouie du lin, c’est la séparation des fibres du bois de la plante. Il s’agit d’une extraction mécanique des fibres réalisées par battage de la matière. Les fibres obtenues se classent en 2 catégories: fibre longue (le long brin ou filasse), fibres courtes, étoupes. Les morceaux de bois qui entouraient la tige sont appelées les « anas ». A Pouldouran, dans les Côtes d’Armor, subsiste un atelier de teillage.

Les bassins à rouir

Les activités de production linière (et chanvrière) ont laissé dans le paysage breton de nombreuses traces d’un savoir-faire spécifique, dont la technique du rouissage fait partie. En effet, les tiges de lin (et de chanvre), une fois débarrassées de leurs feuilles et de leurs graines, devaient faire l’objet d’une opération particulière permettant l’extraction des fibres textiles. Le rouissage consistait alors à laisser macérer dans l’eau les tiges de lin, afin de dissoudre le ciment (pectose) qui lie les fibres au bois.

Le rouissage pouvait être effectué dans des routoirs, bassins maçonnés de taille variable. Les routoirs étaient alimentés par des cours d’eau, ruisseaux ou rivières, ou même des sources dont le débit était, dans l’idéal, assez lent. Cette technique, dite « en eau vive », permettait un rouissage d’une meilleure qualité et une altération des fibres moindre. Les routoirs étaient alors disposés « en série » par rapport au cours d’eau, c’est-à-dire dans sa continuité, ou « en dérivation »; dans ce cas, l’eau était détournée pour alimenter le routoir.

Le procédé

Lors du rouissage, les tiges de lin étaient rassemblées en bottes, immergées et maintenues à fleur d’eau à l’aide de planches et de galets. Cette immersion devait durer de 8 à12 jours, tout en veillant bien à être stoppées avant la dégradation des fibres. En effet, cela enlèverait toute possibilité d’utilisation textile.

Cependant ce procédé, bien que populaire, présentait un grand désagrément: la pollution des eaux entraînait la mort des poissons, l’émanation d’odeurs nauséabondes, et portait atteinte à la santé des riverains. Ainsi dans les Côtes d’Armor, plusieurs arrêtés préfectoraux (en 1896 et 1909 notamment) ont interdit de manière définitive le rouissage dans les cours d’eau. Les routoirs, progressivement abandonnés au début du XXème siècle, ont parfois été reconvertis en lavoirs, et c’est souvent sous cette forme qu’ils nous sont présentés aujourd’hui.

Source : Descriptif de: Le Gall-Sanquer Andrée; Salaün Lénaïg; Roussel Juliette; Jestin Fañch

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